Recours aux neurotechnologies, manipulation de la mémoire et de nos sens, prise de contrôle sur les rêves, interactions avec l’intelligence artificielle, exploration d’intelligences animales surprenantes… Comment la SF s’empare-t-elle des avancées en neurosciences ?
Qui du scénariste de science-fiction ou du chercheur en sciences influence l’autre ? Si la science-fiction divertit, on peut aussi penser que la créativité dont elle fait preuve inspire la recherche scientifique et la technologie. Qui aurait imaginé que les robots humanoïdes chers à Asimov débarquent si tôt ? Certes pour l’instant dans nos usines. Que des interfaces cerveau-machine, inspirées des « interfaces neuronales » des récits de SF, permettent réellement à des personnes de remarcher de nouveau, ou à des gens privés de parole de retrouver l’usage de leur voix ? Que l’on saurait décoder le langage des animaux rien quand étant à leur écoute ?
Notre époque se passionne pour le fonctionnement du cerveau. Le perfectionnement de technologies dédiées à son exploration telles que l’électroencéphalographie, et plus récemment l’imagerie cérébrale, en ont fait rêver plus d’un ! La SF a ainsi souvent exploré l’idée d’un « lecteur de cerveaux », appareil qui permet d’accéder directement à ce que voit, ressent et pense un individu à partir des mesures de son activité cérébrale. Voire de transférer toutes ces informations dans un autre cerveau, grâce au truchement de quelques câbles électriques, ou de les stocker sur support digital. Il est bon de rêver.
Aucune œuvre de science-fiction n’est consacrée totalement aux neurosciences. Mais on peut les mettre en scène de bien des manières : recours aux neurotechnologies, manipulation de la mémoire ou de nos perceptions sensorielles, exploration de l’intelligence animale, prise de contrôle sur le sommeil, émergence d’une intelligence artificielle générale, interactions avec des robots etc. Comment la SF s’empare-t-elle de cette discipline ?
Animant le comité éditorial de CORTEX Mag, de jeunes chercheuses et chercheurs en neurosciences se sont saisis de cette question en s’appuyant sur plusieurs films ou livres de SF récents. Leurs réflexions ont été supervisées par des responsables de recherche issus d’Institutions lyonnaises. Qu’ils en soient remerciés !
Voici leur articles que nous publions au fur et à mesure de leur achèvement.
Épisode #1 – Arkangel : des perceptions sensorielles manipulées pour vivre dans un monde aseptisé
S’immerger dans un monde où la technologie permet de censurer, chez nos enfants, toute expérience possiblement traumatisante. C’est la proposition faite par Arkangel, l’un des épisodes de la quatrième saison de la série Black Mirror. Des implants susceptibles de filtrer nos perceptions sensorielles pourraient-ils exister ? Quelle réalité de notre fonctionnement cérébral se cache derrière ce filtrage potentiel de nos expériences visuelles ? > Lire l’article
Épisode #2 – Westworld : des androïdes, une étrange vallée et des neurosciences
D’après le film Her (2013), dans lequel Joaquin Phoenix tient le premier rôle, il serait possible de tomber amoureux d’une intelligence artificielle désincarnée. Une proposition voisine est faite par Westworld, une série qui met en scène des androïdes conçus pour satisfaire les désirs humains. L’idée est-elle envisageable ? Pour y répondre, il faut se pencher sur ce que disent les sciences à propos de l’apparence des machines, et plus précisément sur le concept de « vallée de l’étrange ». > Lire l’article
Épisode #3 – Paprika : voyager dans les rêves pour explorer l’esprit
Partager les rêves d’autrui pour en dévoiler les secrets et accéder à son inconscient a inspiré des films comme Paprika de Satoshi Kon, ou Inception de Christopher Nolan. Selon Perrine Ruby du CRNL, cet imaginaire traduit un autre fantasme : celui d’accéder aux pensées d’un individu en lisant son activité cérébrale. Au-delà de ce mirage, appréhender la fonction du rêve, en tant que régulateur émotionnel, est palpable à travers une œuvre cinématographique récente : Wrong, de Quentin Dupieux. > Lire l’article
Épisode #4 – Severance : mobiliser les souvenirs grâce aux neurotechnologies
Dans la série Severance, les personnages de Lumon Industries se voient dotés d’un esprit dissocié : les souvenirs de leurs vies privée et professionnelle sont disjoints. Objectif ? Pour l’entreprise, s’assurer que les secrets industriels ne fuitent pas vers l’extérieur et pour l’individu, bénéficier d’un quotidien apaisé. S’inspirant du transhumanisme, le scénario évoque une intervention chirurgicale réalisée au cœur du cerveau qui existe bel et bien pour soulager des malades, et soulève la question du rôle de la mémoire dans la construction de la personnalité.
> Publication à venir
Épisode # 5 – Dans les profondeurs du temps : l’intelligence distribuée de la pieuvre
Un monde dans lequel une société de pieuvres super-intelligentes a remplacé l’Homme, c’est ce qu’Adrian Tchaikovsky raconte dans son roman intitulé, « Dans les profondeurs du temps » paru en 2019. Étudiées au laboratoire, les capacités cognitives des pieuvres sont vraiment fascinantes : elles communiquent des messages en utilisant leur peau et font preuve d’un sens de l’évasion à toute épreuve. Elles n’ont pas un, mais neuf cerveaux. Que savons-nous de leur intelligence ?
> Publication à venir