Bien que leurs crises soient correctement traitées par les médicaments, de nombreux enfants épileptiques pâtissent de troubles de l’attention qui les mettent en difficulté à l’école. Une équipe de chercheurs vient de mettre au point un outil de diagnostic qui permet d’identifier la source de leur déficit attentionnel et de mieux orienter la réponse thérapeutique.
Des enfants turbulents, il y en a toujours eu. On sait désormais que certains parmi eux souffrent d’un problème neuro-développemental appelé trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA-H). Celui-ci est associé à trois symptômes différents : difficulté à se concentrer, impulsivité marquée et agitation incessante. Le TDA-H concernerait entre 3 et 7% des enfants d’âge scolaire en France. Or cette proportion peut monter jusqu’à 40% chez les enfants épileptiques et bien plus encore dans le cas particulier des épilepsies-absences. Le TDA-H qui a des répercussions scolaires et sociales souvent importantes constitue un facteur de surhandicap aux épilepsies de l’enfant. Pourtant, la plupart du temps, les enfants épileptiques bénéficient de traitements qui permettent de contrôler efficacement les crises. Alors, comment expliquer la dégradation persistante de leurs performances cognitives ?
« Les crises d’épilepsie sont la face visible d’un iceberg, la face immergée étant souvent constituée d’activités cérébrales anormales invisibles entre les crises. »
« Pour comprendre le phénomène, explique Vania Herbillon, il faut considérer les crises d’épilepsie comme la face visible d’un iceberg, la face immergée étant très souvent constituée d’activités cérébrales anormales invisibles entre les crises. » Chez les enfants épileptiques, on observe en effet une activité électrique cérébrale anormale persistante sans manifestations cliniques repérables. On parle dans ce cas d’anomalies électroencéphalographiques intercritiques (AIC).
Aujourd’hui, les chercheurs cherchent à comprendre les relations qui existent entre épilepsie et TDA-H et à mesurer l’impact spécifique de ces AIC. « Sur le plan clinique, explique le chercheur, la problématique est de savoir si les difficultés cognitives de l’enfant sont dues principalement à l’épilepsie (crise, traitement, AIC..) ou au trouble de l’attention associé (TDA-H). Du diagnostic dépendra la réponse thérapeutique : traitement antiépileptique ou psychostimulant du type Ritaline. » L’enjeu est donc essentiel.
C’est pourquoi plusieurs équipes de recherche, à Lyon et Grenoble, se sont associées pour développer un outil diagnostic capable de mesurer et de différencier l’impact cognitif des AIC et du TDA-H. Celui-ci repose sur la synchronisation d’un test d’attention et d’un vidéo-électroencéphalogramme. Ce dispositif permet de détecter des micro-sources de distractions et de corréler les difficultés attentionnelles avec un marqueur électrophysiologique. Cette approche diagnostique innovante devrait être mise à la disposition des cliniciens (neuropsychologues et épileptologues) dans les années qui viennent.
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