Le Human Brain Project : un projet phare de l’Union européenne



Lancé en octobre 2013, le Human Brain Project est porté, depuis l’Ecole polytechnique de Lausanne, par le médiatique Henry Markram, un neuroscientifique controversé. Financé pour moitié par la Commission européenne, son budget dépasse le milliard d’euros. Son objectif : constituer une sorte de « Cern du cerveau » permettant aux chercheurs du monde entier d’intégrer leurs données et de tester leurs hypothèses via un simulateur disposant d’une gigantesque puissance de calcul.



Le Human Brain Project (HBP) est l’un des deux projets phares sélectionnés par l’Union européenne dans le cadre de son programme sur les technologies émergentes (FET Flagship). Doté d’un budget de 1 milliard d’euros sur dix ans (2013-2023), il est censé fédérer quelque 112 institutions scientifiques issues de 24 pays européens autour d’un défi fascinant : simuler le fonctionnement du cerveau. Le projet est porté depuis le début par le médiatique Henry Markram, un neuroscientifique controversé, et piloté depuis l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Six plateformes collaboratives d’ici à 2016

La vision de Henry Markram est de créer une sorte de « Cern du cerveau », du nom du centre de physique des particules. Il veut créer d’ici à 2016 six plateformes collaboratives où les scientifiques de toutes disciplines et de tous pays pourraient partager leurs connaissances et, à terme, tester leurs hypothèses in silico recherche sur informatique recherche sur informatique . Il espère ainsi que l’on fera un saut significatif dans la connaissance du cerveau, souvent présenté comme l’objet le plus complexe de l’univers, et met en avant les retombées que le projet ne manquera pas d’offrir, tant dans le domaine de la médecine (maladies cérébrales) que dans celui de l’informatique (ordinateurs neuromorphiques mime la structure et le fonctionnement des circuits de neurones mime la structure et le fonctionnement des circuits de neurones ).

Henry Markram

Henry Markram en 2010 à Bruxelles

Les neurosciences ne sont plus au cœur du projet

Inauguré en octobre 2013, le HBP est encore dans la phase de lancement, qui doit durer jusqu’en 2016. Si la première phase du projet est financée, un nouveau schéma de financement est prévu pour la seconde, partageant équitablement l’effort financier entre la Commission européenne et les Etats membres.

C’est pour s’adapter à cette nouvelle donne que le comité exécutif du HBP a décidé de distinguer, en juin 2014, les « projets essentiels », financés par l’UE, des « projets partenaires », financés classiquement par appel d’offres. C’est ainsi que le sous-projet Architectures cognitives, piloté par le français Stanislas Dehaene, a basculé dans les projets partenaires, « déclassant » avec lui 18 laboratoires de neurosciences. Cette décision a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour les neuroscientifiques, déjà circonspects par rapport à la direction scientifique du HBP. Se sentant floués et marginalisés, ils ont décidé d’envoyer une lettre ouverte à la Commission européenne pour faire entendre leurs inquiétudes. Celle-ci rendra son arbitrage en septembre.

    Cerveau humain : des chiffres qui donnent le tournis
    85 milliards de neurones.
    1 000 à 10 000 synapses zone de contact fonctionnelle entre deux neurones zone de contact fonctionnelle entre deux neurones établies par chaque neurone du cortex.
    100 000 milliards de signaux synaptiques produits chaque seconde dans le cerveau.
    1 mm3 de substance grise zone du cerveau composée essentiellement des corps cellulaires des neurones zone du cerveau composée essentiellement des corps cellulaires des neurones du cerveau humain contient entre 10 000 et 50 000 neurones, lesquels établissent de 100 à 500 millions de connexions nerveuses.



Pour aller plus loin

> La lettre ouverte des neuroscientifiques (en anglais)
> La réponse du comité exécutif du HBP (en anglais)

Sur le même sujet

> La revue de presse de Cortex Mag du 1er au 15 juillet 2014

Chercheur(s)

Henry Kennedy

Responsable scientifique et technique du LabEx CORTEX et co-directeur de l'équipe Cortical Architecture, Coding and Perception au sein du Stem Cell and Brain Research Institute (SBRI, Inserm Lyon). Ses travaux portent sur l'étude de la relation structure-fonction dans le cortex cérébral. Il s'intéresse aussi au développement du cortex cérébral.

Voir sa page

Henry Kennedy

Laboratoire

Institut de recherche cellule souche et cerveau (SBRI)

Le SBRI cherche à définir les caractéristiques du cortex humain, de son développement à l’organisation des réseaux neuronaux qui le composent et rendent possible les fonctions cognitives supérieures. Pour cela, il fait appel à de nombreuses disciplines : biologie cellulaire et moléculaire, neuroanatomie, neurophysiologie, psychophysique, comportement, psychologie expérimentale, neurocomputation, modélisation et robotique. Le SBRI est dirigé par Colette Dehay et Henry Kennedy.

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