Jean-Philippe Lachaux vient de lancer un ambitieux programme de recherche destiné à développer les capacités attentionnelles de l’enfant et de l’adolescent dans un contexte scolaire. Dénommé Atole, ce projet s’appuie sur les résultats les plus récents issus des neurosciences cognitives. Il sera mis en place sous forme d’ateliers dans différents établissements de la région Rhône-Alpes.
Le programme Atole (pour « ATtentif à l’écOLE ») vise ainsi à développer les capacités attentionnelles de l’enfant et de l’adolescent dans un contexte scolaire. Il s’adresse à tous les enfants de 6 à 18 ans, et non pas seulement à ceux qui souffrent de troubles déficitaires de l’attention. Nous croyons en effet que tous les élèves gagneraient à acquérir une meilleure maîtrise de leur attention.
Ce programme d’apprentissage de l’attention se présente sous forme d’ateliers. Il comprend trois axes principaux visant à apprendre aux élèves à « faire attention à l’attention ». Il s’agira pratiquement de :
- leur expliquer les mécanismes biologiques de l’attention de façon à les intéresser à l’étude ;
- leur apprendre à déceler et à gérer les situations de conflits attentionnels en développant un « sens de l’équilibre attentionnel » ;
- les aider à percevoir et à compenser les premiers signes de distraction.
Point de départ : le cycle perception-action
Une particularité de ce projet est de s’ancrer fortement dans les neurosciences cognitives fondamentales. Ainsi, notre point de départ, sur le plan théorique, est le « cycle perception-action », considéré comme la « brique élémentaire » de la cognition. C’est à ce niveau, nous semble-t-il, que doit s’entraîner l’attention : toute distraction ne se ramène-t-elle pas en effet à un mauvais choix de l’action au sein d’un ou de plusieurs cycles perception-action ?
Prenons l’exemple d’un élève relisant sa dictée. Du point de vue cognitif, l’exercice consiste à mettre en place un processus d’estimation de la justesse orthographique (action) appliqué à chaque mot sur lequel se pose le regard (perception). Mais il suffit que le processus soit remplacé, le temps d’un cycle, par un autre (analyse sémantique du mot, par exemple) pour qu’il perde de son efficacité. Ainsi, l’élève lit dans une phrase le mot « corbau » mais, comme ce mot lui fait penser à un film qu’il a vu la veille, il ne repère pas la faute d’orthographe. On dira alors qu’il a relu son texte de manière distraite ou qu’il n’était pas concentré. La capacité de concentration correspond donc dans notre projet à la capacité à choisir de manière continue la bonne action (qu’elle soit motrice ou mentale) au sein de chaque cycle perception-action.
Une collaboration avec des enseignants
Autre particularité de notre programme : il sera mené en collaboration avec plusieurs écoles, collèges et lycées avec lesquels nous entretenons déjà un partenariat autour de la question de l’attention.Il s’agit ici de transformer les premiers fruits de cette collaboration en véritables ateliers d’apprentissage de l’attention, très orientés sur la pratique, dont le principe puisse être facilement transposé à d’autres établissements.
Il s’agit donc d’un programme ambitieux, qui vise à placer au centre de la vie scolaire la question de l’attention et de sa maîtrise, non seulement pour améliorer la qualité de l’apprentissage et les performances des dispositifs de formation, mais aussi pour préparer les enfants et les adolescents à leur vie d’adulte.
Pour tout renseignement sur le programme Atole, contacter Bénédicte Terrier, de l’Inserm.